Que de confusion
en cette semaine du 2ème confinement !
Chers amis,
Avant la parution de notre « Trait d’Union en ligne » dominical qui sera centré sur la 4ème Journée Mondiale des Pauvres, je souhaitais partager avec vous ce message sur la confusion que nous vivons en cette deuxième semaine de confinement.
La récente décision de rejet du Conseil d’État, qui nous a, il est vrai, attristés, a cependant laissé apparaître des divergences dans l’approche de la question au sein même des catholiques.
Les uns craignent la maladie et le contact avec les autres, d’autres appellent à la résistance pour défendre leurs droits bafoués, d’autres encore cherchent à trouver les moyens de contourner les décisions du gouvernement…
Il y aurait comme un bras de fer entre la liberté du culte et les restrictions imposées, entre la protection de la santé aujourd’hui et l’absolu de la vie éternelle, entre César et Dieu, entre les droits de l’homme et les droits de Dieu…
Bref une vraie cacophonie des droits !
Comment s’y retrouver ? Que penser ? Quelles attitudes adopter ? Surtout comment demeurer vraiment chrétiens en ces circonstances ?
Quelques conseils peuvent nous aider à garder le cap !
1 – Refusons absolument de jouer le jeu du Malin qui se complaît dans les divisions, les oppositions destructrices et les critiques stériles, surtout entre chrétiens.
Notre manière d’exprimer notre attachement vital à la messe doit être en cohérence avec ce qu’elle est : le don de la charité et de la Paix.
Ne cédons jamais ni à la peur ni à la violence.
Ne nous trompons pas d’armes. Jésus a toujours refusé aux apôtres d’en découdre avec ceux qui barrait sa route. (Luc 9, 54-55 ; Matthieu 26, 51-52)
2 – Prenons du recul face aux réseaux sociaux, et même des médias télévisuels qui sont souvent sources d’angoisse.
Rien de bon ne se construit dans l’agitation.
« L’agressivité sociale trouve un espace d’amplification hors pair dans les appareils mobiles et les ordinateurs. » Pape François. (Encyclique Fratelli tutti § 44).
Ces réactions diverses et contradictoires contribuent le plus souvent à alimenter les passions ainsi que les comportements individualistes et consuméristes – même dans le domaine religieux – plutôt qu’à nourrir la réflexion, à servir la fraternité, à promouvoir la communion et à susciter l’espérance.
Privilégions la lecture de bons articles et de livres qui nous aident à réfléchir… et demandons à l’Esprit Saint d’avoir un bon discernement.
3 – Demeurons fidèles à notre Église et à ses pasteurs ce qui ne nous empêche pas d’être, aussi, des citoyens responsables prudents et délicats.
Ce double attachement à la terre et au ciel qui peut être un tiraillement – nous sommes dans le monde sans être du monde – est constitutif de notre condition humaine et chrétienne.
4 – Sachons saisir les belles manières d’approfondir les rencontres avec le Seigneur et le désir de l’Eucharistie que nous offrent les circonstances présentes :
- Prière personnelle, fidèle
- Chapelet, liturgie des heures
- Lecture quotidienne de la Parole de Dieu
- Adoration Eucharistique
- Sacrement du pardon…
Même privés temporairement de la messe et de la communion – qui sont toujours un don et jamais un dû – notre vie chrétienne ne s’arrête pas.
Le Seigneur qui agit au-delà des sacrements continue de nous donner sa grâce, Lui qui peut toujours tirer d’un mal un plus grand bien.
Seul le Christ, dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, peut nous libérer de la peur, nous préserver de la division et nous donner le salut.
Décidons de prier et de veiller avec Lui (Matthieu 26, 38-41)
5 -Ce dimanche – 33e dimanche du temps ordinaire – est la quatrième édition de la Journée mondiale des Pauvres, instituée par le Pape François. Voilà une magnifique opportunité de mettre en pratique ce que nous croyons et que nous recevons dans l’Eucharistie : la charité, particulièrement auprès des pauvres.
Prenons au sérieux la Parole même du Christ :
« Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25)
Si la participation à la messe et la réception de l’Eucharistie légitimement nous manquent, sachons que nous sommes appelés, dès à présent, à la « vivre » et, ce faisant, à rendre toute notre vie « Eucharistique », en allant vers nos frères et en les servant. N’oublions jamais l’autre face de l’unique mystère de l’Eucharistie qui est, dans l’Évangile de saint Jean, le lavement des pieds.
Cela me fait penser à ce dessin, où l’on voit le Pape François à genoux lavant les pieds de personnes pauvres.
Un prêtre lui dit « Saint Père, c’est l’heure de la messe » et lui de répondre : » J’y suis déjà ! »
Profitons de cette période bien particulière pour retrouver le sens profond de la messe et de ce que nous faisons, parfois par habitude, dans la communion sacramentelle. Elle est vitale mais pas l’unique lieu où le Christ demeure et où nous pouvons le rencontrer.
Oui, en portant humblement le soucis des uns des autres, rendons efficace, actuelle et visible l’Eucharistie du Seigneur, dans le « Sacrement du frère », expression employée par les Pères de l’Église pour évoquer le service du prochain.
Voilà, aujourd’hui, le chemin particulier de communion à l’Eucharistie qui nous est ouvert, sans renoncer, bien évidemment, à la célébration de la messe que nous souhaitons retrouver.
Je remercie aujourd’hui tous les bénévoles de notre paroisse qui donnent de leur temps et de leur personne au sein du Sourire SFX, au service de nos amis les plus pauvres.
Ils nous « ouspillent » au quotidien en nous rappelant cet amour de prédilection du Seigneur pour les pauvres. Vous pouvez toujours les rejoindre si le cœur vous en dit …
Demeurons dans cette charité et dans cette espérance de jours meilleurs que nous souhaitons proches !
Avec mon amitié et ma prière.
Mgr Bruno Lefevre Pontalis, curé
perebrunolp@yahoo.fr
Merci de tout coeur
C’est ce que nous avons besoin d’entendre